Okay, l’idée est encore plus foireuse que la relation entière mais je me dois d’essayer. Inviter Andrea Leroy Duchesne à dîner ça ne doit pas être forcément compliqué. Bien entendu, il m’avait fallu m’intéresser un minimum à ses goûts ce qui n’était pas évident, car il ne m’avait jamais intéressé outre mesure en dehors de cette malheureuse soirée ou j’avais seulement eu le droit à le voir sans chemise avec en option pour l’ouverture d’une nouvelle ligne, un baiser mémorable. J’ai compris la leçon, c’est un romantique, je vais donc être romantique et bouffer cette merde de poisson cru pour faire plaisir à son altesse. Quels idée saugrenue, lui et moi on ne va pas ensemble, pas comme ça. Je m’installe à table, si il me plante, je crois que je l’assassine. Mais voilà qu’il se pointe, finalement il n’aura pas résisté à l’appel de la nourriture gratuite plus longtemps. Si cette relation est voué à l’échec, je sais qu’il s’agira en revanche d’une expérience sexuelle enrichissante. Il doit me faire confiance, je dois faire en sorte qu’il me fasse confiance. « Bonsoir… » Je relève les yeux vers lui tandis que sa main effleure doucement la mienne. « Tu es...superbe. » Je tente de le complimenter sait on jamais, il est vrai que sa chemise n’est pas mal. Je tousse un peu, tout ça ressemble bien trop à une parodie d’une déjà très mauvaise comédie romantique. « Prends ce qu’il y a de plus cher, te gêne pas, je suis prêt à emprunter s’il le faut. » Je hausse les épaules, lui rit pour la première fois à une de mes blagues, ce qui est sans doute un mauvais présage, je n’en sais rien mais tout ça n’a rien de normal. « C’est gentil. Je vais prendre l’assortiment de sushis je pense ». Il pose la carte et affiche désormais une moue très bizarre qu’encore une fois je n’ai que rarement vu prendre place sur son visage. « Tu savais que le gingembre est aphrodisiaque ? » Sa jambe bouge contre la mienne tandis qu’il renchérit visiblement d’une conversation tout à fait passionnante. « Ils en servent avec tous leurs menus, c’est marrant ». D’un comique certain. « Rien n’a été prouvé. Les gens se plaisent à le croire. » Je baisse le ton et penche la tête vers lui. « Je ne pense de toute façon pas avoir besoin d’aphrodisiaques, le jour ou on s’enverra en l’air. » Je marque une pause et ajoute à titre d’indication. « C’était un compliment. »

Il réagit trop bien, ca sent le fake, mais pourquoi il fake déjà ? Je ne lui en voudrait pas pour une seule petite remarque salope, ca fait partie de son charme. « Qu’est-ce que tu comptes manger ? » Bonne question, je hais tout ces trucs là. « Du riz ? » Il n’y a pas qu’en chine qu’on bouffe du riz, j’ose espérer. Comment lui dire que j’ai plus envie de lui que de son poisson de merde ? Je vais tomber malade je le sais. « Tu m’as dis que tes parents étaient pas là ce soir ? » Et lui il a pas de petite sœur du même âge que lui à la maison. « On pourrait peut être...se regarder un film ? » J’essaye de me concentrer sur des pensées agréables tandis que je me résigne à commander ces horreurs. « Oui, bien sûr. » Il s’interrompt un moment fixant sans doute la grimace que je tente de réprimer depuis tout à l’heure. « Si tu n’aimes pas la bouffe japonaise, on peut aller ailleurs » Je secoue la tête. « Ca n’est pas utile, c’est ce que tu aimes manger. » Et j’ai galéré à obtenir l’information sans que ca ne paraisse bizarre au détour d’une conversation.

Le reste du repas se déroule sur une ambiance tout aussi coincée qu’Andrea lui même, et je m’essuie la bouche, rinçant ce goût abjecte de wazabi -que j’avais pris à tord pour du guacamole-, avec de l’eau fraîche. Je n’aime même pas le guacamole, c’est plein de vinaigre. Je paye tel un parfait gentleman et ne lui offre pas mon bras, nous sommes toujours cousin, mais si ca n’avait pas été le cas j’aurais sans doute poussé plus loin mon jeu d’acteur. « C’était...délicieux. » J’adresse un sourire à Andrea pendant que nous sortons. « On se retrouve chez toi ce soir. Je m’habillerai. » Je profite que personne ne nous regarde pour déposer un baiser au coin de ses lèvres. « A ce soir, alors »

Une idée bien étrange mais le plan semble fonctionner finalement. Après un démarrage peu propice, il a fini par avaler mes salades et plus encore, m’a même regardé dans le blanc des yeux en roucoulant presque quand j’ai affirmé vouloir patienter pour tester mes sentiments à son égard. Le désir qu’il me porte serait touchant si je n’étais pas aussi écœuré que je le suis par sa personne. L’embrasser était déjà constitutif d’une torture suffisante, je n’en rajouterai pas. Mais me faire offrir les sushis ce soir est une excellente option cela dit. J’entre dans le restaurant qu’il m’a indiqué et m’assois en face de lui après l’avoir repéré. Je prends une voix plus chaleureuse et effleure sa main du bout des doigts. « Bonsoir… » Il sourit un peu et je m’installe. « Tu es...superbe. » J’hausse un sourcil et évite de tousser ma surprise directement, m’armant plutôt d’un sourire que j’espère touchant. « Prends ce qu’il y a de plus cher, te gêne pas, je suis prêt à emprunter s’il le faut. » Je ris un peu et retiens une remarque désobligeante facile et issue directement d’un réflex habituel. « C’est gentil. Je vais prendre l’assortiment de sushis je pense ». J’hausse une épaule et pose la carte dont je m’étais emparé. « Tu savais que le gingembre est aphrodisiaque ? » Mon pied effleure sa jambe comme d’un heureux hasard. « Ils en servent avec tous leurs menus, c’est marrant ». Mais il n’a pas l’air de trouver ça drôle, c’est étrange. « Rien n’a été prouvé. Les gens se plaisent à le croire. » Il baisse d’un ton, j’hausse une épaule. « Je ne pense de toute façon pas avoir besoin d’aphrodisiaques, le jour ou on s’enverra en l’air… C’était un compliment. » Je tente de masquer les sentiments que m’inspirent l’idée sous un sourire charmé bien que maladroit et inspire. « Qu’est-ce que tu comptes manger ? » je demande d’un air évasif et profondément hors sujet.

« Du riz ? » Je fronce un peu le nez, pourquoi m’inviter ici s’il n’aime pas la nourriture japonaise ? Est-ce qu’il a à ce point envie de s’envoyer en l’air ? « Tu m’as dis que tes parents étaient pas là ce soir ? On pourrait peut être...se regarder un film ? » J’acquiesce et inspire. « Oui, bien sûr. » Je marque une pause et le fixe. « Si tu n’aimes pas la bouffe japonaise, on peut aller ailleurs », je lâche, magnanime, essayant d’écarter de mes pensées l’idée de lui et moi assis tous deux devant un film. « Ca n’est pas utile, c’est ce que tu aimes manger. » J’acquiesce et nous commandons.

La suite est tendue et peu naturelle. Je n’ai qu’une seule envie, me sortir de là, et quand c’est enfin possible je peine à retenir un soupir de soulagement. Il règle la note sous mon regard appréciateur et nous sortons. « C’était...délicieux. » Je doute qu’il soit sincère, son désir pour moi doit être au moins infini pour qu’il se donne autant de mal. « On se retrouve chez toi ce soir. Je m’habillerai. » J’hoche la tête sans prendre la peine de répondre, tandis que lui dépose ses lèvres au coin des miennes. Mon regard panique et cherche quelqu’un qui nous aurait observé, mais il n’y a personne, je me contente donc de le laisser faire et souris un peu. « A ce soir, alors ».